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Tous les jeunes enfants passent par des périodes d’opposition, plus ou moins longues, plus ou moins accentuées. Ce qui fait la différence et permet de supporter ces moments parfois éprouvants, tant pour l’enfant que pour le parent, c’est à la fois la manière dont on réagit en tant qu’adulte, mais aussi et surtout ce que l’on met en place pour éviter de trop fortes tensions ou des rapports de force. Prenons par exemple la situation de Justine.
Justine est dans sa période de « c’est moi qui décide » et de « non j’ veux pas » et tout devient compliqué pour ses parents. Le matin par exemple, elle ne veut pas mettre les vêtements prévus. Elle veut mettre ses petites sandalettes rouges qu’elle adore alors que nous sommes en plein mois de février et qu’il fait froid dehors. Elle ne veut pas mettre son manteau chaud mais son imperméable jaune avec la capuche et le nounours sur les poches. Ce sont donc des drames chaque matin avant d’aller à la crèche où elle quitte ses parents en retard et fâchés. Justine arrive souvent en pleurs à la crèche et les professionnels passent beaucoup de temps à la consoler. Et le soir, c’est pareil : c’est non pour quitter la crèche, pour mettre ses chaussures, pour aller chercher son doudou ou pour monter dans la voiture. Bref, Justine est dans sa période d’opposition et ce n’est pas une période bien sympathique pour elle, pas plus que pour ses parents.
C’est souvent dans leur deuxième année que les jeunes enfants entrent en opposition avec leurs parents. Ils sont devenus plus indépendants car ils se déplacent seuls, mangent seuls et peuvent même se déshabiller et s’habiller tout seul. Ils cherchent à affirmer une certaine autonomie, prouvant ainsi qu’ils existent bien, qu’il faut compter avec eux et qu’ils veulent choisir. En effet, l’autonomie correspond à cette notion de choix : faire pour lui-même, pouvoir décider lui-même de ce qui le concerne. L’autonomie ne correspond pas au fait de savoir ou pouvoir faire les gestes du quotidien à la place des parents. Par exemple, demander à l’enfant de mettre ses chaussures, ne correspond pas à de l’autonomie car c’est bien le parent qui demande à l’enfant de le faire et non lui qui choisit de les mettre. A l’inverse, demander à l’enfant s’il veut mettre ses chaussures tout seul ou s’il préfère qu’on les lui enfile, devient un choix et un pas vers la vraie autonomie.
Beaucoup de parents ont, à juste titre, peur que leur enfant prenne le pouvoir et devienne cet « enfant roi » qui décide de tout et fait la loi à la maison. Certes il va essayer, et en cela c’est normal, et il est important qu’il comprenne que ses parents sont là pour décider ce qui est bien pour lui, que c’est leur rôle et que c’est ainsi qu’ils le protègent et l’éduque. Ce sont les parents qui font la loi à la maison et non les enfants. Pour autant, d’une part si nous souhaitons que les enfants apprennent à choisir et construisent au mieux leur confiance en eux, il est nécessaire qu’ils puissent expérimenter très tôt cette notion d’autonomie. Et d’autre part vivre dans le conflit et l’opposition permanente qui mène le plus souvent à la fâcherie, n’est agréable pour personne et provoque des moments de stress qui, ajoutés les uns aux autres, augmentent les taux de sécrétions hormonales qui sont néfastes à la construction des connexions synaptiques dans le cerveau de l’enfant. De ce fait, il importe de trouver des solutions qui permettent à l’enfant d’apprendre où se situe sa place, quelles sont ses marges de manœuvre et comment il peut agir.
En premier lieu, il importe de poser le cadre : ce sont bien les parents qui décident de l’organisation de la journée d’un enfant, de ce qu’il va manger, des objets mis à sa disposition pour jouer, etc. Mais à l’intérieur de ce cadre il est possible d’organiser aussi les différentes possibilités de choix de l’enfant. Par exemple pour Justine : ranger les affaires d’été afin qu’elles ne les voient plus, préparer avec elle la veille ce qu’elle pourrait mettre le lendemain, et lui laisser le choix entre deux paires de chaussures chaudes différentes, ou deux pantalons, deux manteaux, etc. Ainsi Justine a des choix possibles dans un cadre donné et son avis compte. Aller à la crèche n’est pas un choix qui relève de Justine, mais y aller à pied ou avec sa draisienne peut l’être. Et si cela se fait en voiture, il est possible de demander à Justine si elle préfère garder son doudou avec elle ou le déposer dans le coffre. Ce ne sont que des exemples, mais il est toujours possible d’inventer des choix possibles permettant de laisser à l’enfant un brin d’autonomie dans un cadre et une organisation qui, eux, sont choisis par ses parents : quelle chanson chantée sur le chemin de la crèche ? Qui emmener ce matin parmi ses peluches ou ses jouets ?
Dans les crèches Koalakids les professionnels recherchent aussi sans cesse cette expérience de l’autonomie des jeunes enfants. Cela se fait de façon assez évidente non seulement dans leurs choix de jeux parmi deux ou trois univers ludiques proposés, mais aussi dans le choix d’aller changer leur couche avec tel ou tel autre professionnel ou en emportant avec eux leur jouet du moment, ou encore en présentant l’ensemble du repas pour leur permettre de le manger dans l’ordre qu’ils souhaitent. Ainsi les enfants se sentent écoutés des adultes qui prennent soin d’eux et apprennent petit à petit à gagner en confiance. Les moments d’opposition, de mal-être et de continuelle négociation s’amenuisent pour le bonheur de tous. Les enfants comprennent vite qu’elle est la place de chacun et se sentent sécurisés par des adultes qui se mettent réellement à leur hauteur, celle de leurs possibilités selon leur développement.
Cet article a été rédigé par Laurence Rameau.
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