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Comprendre et reconnaitre les pleurs de bebe
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Posté par adminkok le 20 octobre 2020

Laurence Rameau, puéricultrice formatrice et auteure d’ouvrages sur la petite enfance, créatrice de la pédagogie Itinérance Ludique 

Les pleurs sont sans doute un signe de notre humanité. Ils sont le reflet de nos émotions et de notre capacité à émouvoir les autres.

Nous sommes en effet les seuls animaux à pleurer, c’est-à-dire à verser des larmes en lien avec nos émotions. Pour les bébés, il s’agit d’un réflexe inné leur permettant d’emblée de communiquer et de faire connaître leurs besoins. Mais les pleurs des petits ne sont pas toujours faciles à décrypter et à accepter. Bien les comprendre peut nous aider.

Comprendre les pleurs des bébés

Un bébé qui pleure peut renvoyer une image d’échec parental ou, pire, contribuer à faire croire aux parents qu’ils ont un mauvais enfant. Or, tous les bébés pleurent, quel que soit leur mode de nourrissage, de portage, de sommeil ou de relation. Il existerait même un pic des pleurs au cours du deuxième mois et les pleurs de certains bébés peuvent sembler extrêmes dans leur intensité comme dans leur durée, sans pour autant qu’ils soient à relier à un comportement anormal.

Pourquoi les bébés pleurent-ils ?

Il existe plusieurs hypothèses au sujet des pleurs des bébés.

La première hypothèse serait en lien avec la stratégie de survie. En effet, un petit humain ne peut pas survivre sans l’aide de ses parents. Il ne peut ni bouger ni se nourrir. Il est très dépendant de son environnement et des soins qui lui sont apportés. De ce fait, crier et pleurer lui permettent de signifier son existence et d’appeler pour qu’on lui apporte à manger.

La deuxième hypothèse se rapporte à la théorie de l’attachement. Dès qu’il ne se sent pas bien, le bébé active son système d’attachement : il pleure et appelle au secours. La personne qui lui offre une réponse devient une figure d’attachement et seule la proximité avec cette dernière permet d’éteindre le système d’alarme. On comprend alors que les pleurs sont les signaux des marques de mal-être, et que leur prise en considération par les adultes est indispensable pour permettre au bébé d’apprendre à se sécuriser.

Les différents types de pleurs

  • Les pleurs physiologiques : ils correspondent aux besoins physiologiques du bébé, c’est à dire la faim, le sommeil, le rot ou les gaz, les douleurs abdominales, l’inconfort lié à l’humidité de la couche…
  • Les pleurs émotionnels : correspondent à des ressentis émotionnels. Le bébé ressent des émotions qu’il ne comprend pas encore et qu’il ne sait pas gérer seul. 

Reconnaitre les pleurs du bébé n’est pas une chose aisée au début car ils sont comme une langue étrangère que l’on apprend et, même si nous ne savons pas si tous les bébés possèdent la même langue ou si chacun a la sienne, le résultat est le même : cette langue s’apprend au contact du bébé, petit à petit.

Mais nul n’est tenu d’y arriver du premier coup car le bébé lui-même ne sait pas à quoi correspond son mal-être, il l’apprend avec ses parents. De plus, le tâtonnement expérimental en « science parentale », même s’il est perturbant ou angoissant pour certains parents, est nécessaire. Il offre d’autres avantages, notamment la possibilité de passer par l’erreur. Prenons par exemple un bébé qui a faim et pleure. Il pleure car il exprime sa douleur (la faim est ressentie comme très douloureuse pour les bébés), mais l’adulte ne l’a pas encore décodée comme telle et offre une autre réponse. Il le calme, certes momentanément, par la prise dans les bras, des paroles douces ou un bercement, qui sont des réponses différentes, voire décalées, mais aidantes, car elles introduisent le fait que les relations humaines, les interactions précoces et la douceur de l’empathie sont aussi des actes de soulagement. Dans ce cas, se tromper a un intérêt : donner une place au relationnel entre le parent et son enfant et pas seulement une réponse automatique à un besoin physiologique. Le bébé ne doit pas recevoir uniquement des réponses mécaniques à ses pleurs, il lui faut aussi entrer dans le monde humain. Quoi qu’il en soit, tous les parents ou les personnes au contact du bébé finissent par décoder ses pleurs et par reconnaître ceux qui correspondent à la faim, au sommeil, à la douleur ou à autre chose.

Dans tous les cas, un bébé qui pleure a besoin d’un adulte, car aucun bébé n’a la possibilité d’être un manipulateur à ce moment-là de son développement. Ce qui signifie que l’on ne peut pas prêter au bébé d’intentionnalité dans ses pleurs. Il ne pleure jamais pour embêter ses parents.Comment répondre aux pleurs d’un bébé ?

La première attitude à avoir lorsqu’un bébé pleure est celle de l’accueil. Accueillir les pleurs comme des manifestations langagières, un discours primaire du bébé qui cherche à indiquer quelque chose : « Que t’arrive-t-il ? Pourquoi pleures-tu ? » Cela conduit ensuite à analyser la situation en cherchant à comprendre ce qui déclenche les pleurs. On peut ainsi parler avec lui de l’ensemble des possibilités que l’on envisage, le dialogue est instauré (« As-tu faim ? Es-tu fatigué ? As-tu besoin d’un câlin ? Es-tu énervé ? etc. ») et s’accompagne du langage du corps avec la prise dans les bras et le bercement d’apaisement. Une fois que toutes les causes symptomatiques et physiologiques ont été vérifiées, une seconde étape commence avec la consolation des pleurs.

Comment consoler un bébé ?

Consoler ne signifie en aucune façon arrêter les pleurs. Ne pas faire cette confusion permet de réduire la pression et de renoncer à un objectif difficilement atteignable puisqu’il ne dépend pas de l’adulte mais de l’enfant. Consoler, c’est donner de l’attention pour soulager les tensions. Un bébé a besoin d’un adulte qui accepte ses pleurs pour l’aider à en sortir. Mais si cet adulte pense que son rôle est de faire stopper les pleurs du bébé, alors il met une tension supplémentaire. Cela devient un cercle vicieux. Or, nous n’avons pas forcément appris à accepter les pleurs, bien au contraire, nous avons le plus souvent intégré le fait de ne pas pleurer comme étant héroïque ou de cacher nos pleurs comme des actes honteux. Il est difficile de changer nos représentations pour se comporter de façon différente avec un bébé. Pourtant, c’est ce qui lui convient. Le bébé a besoin d’être pris dans les bras avec cette perspective donnée par l’adulte : « Mais que se passe-t-il ? Viens me raconter tes malheurs… », sorte d’acceptation inconditionnelle de l’état de pleur du bébé et de la nécessité pour lui d’avoir un refuge. Cet accordage, cette prise en considération, cette proximité, agissent tous sur la sécrétion d’ocytocine, l’hormone antistress, en l’activant grâce à la chaleur et à l’odeur du corps, comme à la sonorité et la douceur des mots et des caresses. Cette prise dans les bras favorise aussi le contact visuel qui permet au bébé de comprendre l’attention qui lui est portée.

Une attitude bienveillante dans les situations de pleurs va engendrer de nombreux bénéfices secondaires pour le développement du bébé. Cela va lui permettre de prendre conscience de ce qu’il ressent et d’apprendre que ses figures d’attachement lui viennent en aide lorsqu’il en a besoin. Il va intégrer que, dans des situations similaires, il peut compter sur elles, puis sur les autres, ce qui l’aidera à surmonter d’autres moments difficiles. Le bébé sélectionne dans son cerveau ce que l’expérience lui donne à vivre. Si ses expériences de pleurs sont positives parce qu’il reçoit une réponse de type consolation, alors elles ne le déstabilisent pas. Son système d’attachement se consolide et se renforce d’autant : il devient plus fort, plus indépendant, et peut partir à l’aventure des apprentissages. À l’inverse, si aucune réponse n’est donnée à ses pleurs, il perd le début de stabilité de ses premiers liens affectifs, il s’effondre car il ne sait plus sur qui il peut vraiment compter. Il devient dépendant, à la recherche permanente de sa sécurité affective : il pleure plus souvent, demande les bras, recherche des réponses affectives et ne s’oriente pas vers d’autres découvertes.

Il existe d’autres stratégies, dites de diversion, qui ont pour but de faire cesser les pleurs en donnant au bébé des objets qui le rassurent. C’est le cas par exemple des objets dits transitionnels comme la tétine ou le doudou. Ils servent à créer chez le bébé des mécanismes d’autocontrôle qui lui permettent d’arrêter de pleurer. Mais s’ils sont utilisés de manière systématique lorsqu’il pleure, le bébé va de lui-même rechercher la proximité de tels objets, ce qui peut devenir un problème. Si cela se reproduit trop souvent et devient prioritaire par rapport à l’attitude initiale de consolation de l’adulte, le bébé intègre qu’ils sont plus apaisants que ses propres figures d’attachement. En clair, il apprend que l’humain n’est pas la meilleure option de consolation, alors même que la tétine et le doudou n’expriment aucune bienveillance, aucune empathie ni aucun amour ! Dans les situations de pleurs, les objets devraient être utilisés avec parcimonie et ne pas prendre la place de l’échange bienveillant dont l’enfant a besoin. Pour cela, ils ne doivent pas être l’unique source de consolation du bébé.

Toutes les autres conduites visant à faire cesser des pleurs en utilisant la violence physique ou psychologique sont vouées à l’échec et produisent des effets négatifs à court et à long terme. Elles accroissent le stress du bébé en l’obligeant à refouler ses émotions et créent de la souffrance pour tous.

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